“Planification écologique : osons la géothermie”,
une tribune de Sylvain Thierry, cofondateur et COO de Celsius Energy

Emmanuel Macron a récemment précisé ses ambitions en faveur d’une écologie « à la française », ainsi que les actions prévues dans le plan national de la transition écologique du pays lancé en 2022, soit des solutions concrètes pour faire « mieux ». Pour « mieux se loger », le Président de la République a rappelé l’importance de « réduire les impacts environnementaux des logements, en privilégiant des options plus économes en énergie », tout en insistant sur « l’importance de développer une filière de production de pompes à chaleur pour remplacer les chaudières à gaz ».

Dans le cadre de la planification énergétique, la volonté est de tripler le nombre de pompes à chaleur produites sur le sol français d’ici 2027 , à un million d’unités par an. Un véritable enjeu pour l’industrie française. Dans cette planification ambitieuse, la part de pompes à chaleur géothermiques devrait, selon la filière, représenter 15 à 20 % des équipements installés. Un volume significatif pour soutenir le développement de l’énergie du sol, ressource renouvelable et consommée directement là où elle est produite.

Disponible dans les 200 premiers mètres du sol, la géoénergie, ou géothermie de surface, constitue en effet un véritable trésor sous nos pieds encore sous-exploité. Sa capacité unique à constituer un réservoir de chaleur pour l’hiver et de fraîcheur pour l’été représente pourtant un atout pour les bâtiments publics et tertiaires. Généraliser le recours à cette ressource locale sur le territoire permettrait de réduire de 90 % les émissions de CO2 du chauffage et de la climatisation des bâtiments, soit plus de 200 millions de tonnes à l’horizon 2050.

Les politiques se sont emparés des enjeux relatifs à la transition énergétique des territoires français, en commençant par l’autonomie énergétique des bâtiments, leur décarbonation et leur rénovation thermique. Une réelle prise de conscience illustrée par les annonces successives du gouvernement : plan national de transition énergétique, de développement de la géothermie dont la géothermie de surface, de rénovation des écoles, etc. La machine politique s’est mise en ordre de bataille et nous ne pouvons que nous en réjouir.

Conscients de l’enjeu et de l’urgence, les acteurs de la filière sont prêts à accélérer. Pour soutenir durablement l’ambition de l’Etat, la filière doit être inscrite dans le plan de réindustrialisation de la France et ainsi soutenue par les pouvoirs publics. L’étape suivante serait alors l’élaboration d’un nécessaire projet de financement à même de favoriser le soutien des parties prenantes au déploiement de cette technologie à l’échelle des bâtiments publics français (logements sociaux, hôpitaux, écoles, crèches, etc.).

Un plan qui accélérerait également le développement des compétences et l’affirmation d’un véritable savoir-faire français. Foreur, un métier d’avenir pour lequel les recrues auront besoin d’allier expertise technique et terrain pour se former aux spécificités de la mise en oeuvre du forage sur sonde. La filière est structurée pour accompagner la formation de foreurs, mais la France amorce un changement d’échelle qu’il faut soutenir. Donnons aux foreurs de demain les moyens de réussir.

Encourager, soutenir et accompagner le développement du savoir-faire français en matière de géothermie de surface, un virage important qui peut rapidement s’inscrirecomme un modèle d’efficacité énergétique. L’annonce d’un plan d’aide au financement pour favoriser et faciliter l’équipement des bâtiments publics sera décisive dans la construction d’une écologie « à la française ». Rappelons-nous : « impossible n’est pas Français » !

Sylvain Thierry, cofondateur et COO, Celsius Energy.